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Les tapisseries tiennent leur valeur de ce qu'elles sont très
laborieuse à produirent. Une sorte d'effort artistique qui ne semble
parfaitement raisonnable que pour un monarche disposant de fonds
illimités, de temps, et d'habiles artisans.
Pour l'éxécution vous avez d'abord besoin d'un artiste pour
esquisser la conception et d'un peintre pour transformer ce croquis en
un carton peint de la même taille que la tapisserie.
Des maîtres lissiers tissent alors les tapisseries en utilisant
la soie, la laine, et parfois des fils d'or ou d'argent.
Mais par dessus tout vous avez besoin de patience car cela prendra
à un bon lissier un jour entier pour tisser une surface d'un sujet de
la taille de la main humaine.
Le terme "Gobelins" s'applique aujourd'hui indifférement à
toutes sortes de tapisserie. Il peut aussi bien s'agir de Tapisseries de Basse
lisses, de Hautes lisses, de Tapisserie sur métier à mécanique
Jacquard ou de Tapisseries aux points d'aiguille. Nous vous présentons dans ces
pages l'histoire de la manufacture qui a donné son nom à la Tapisserie et
précisons ce qu'on entend par Hautes Lisses et Basses Lices.
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L ES MANUFACTURES NATIONALES DES GOBELINS, DE BEAUVAIS ET DE LA SAVONNERIE
Hugues Menes Conférencier à la manufacture des Gobelins
BEAUVAIS
Fondée en 1664 dans la ville de Beauvais, la manufacture répond à l'époque à la demande privée dans l'esprit du roi ;
elle concurrence également les importations flamandes en leur coupant la route de Paris. Très brillante, la production se spécialise
au XVIIIème siècle dans les tissus d'ameublement, plus petits, et donc plus faciles à écouler. La manufacture utilise alors
majoritairement la basse lisse, plus rapide et permettant des tissages plus précis , tout en adoptant la chaîne en coton qui rend le tissu plus solide.
A la veille de la Révolution, la manufacture risque de disparaître et devient finalement nationale (elle avait toujours été auparavant
une entreprise privée; à la différence des Gobelins dont la production était réservée au roi, Beauvais vendait la sienne
aux particuliers.) En 1826, Beauvais envoie aux Gobelins ses derniers métiers de haute lisse et se spécialise définitivement en basse lisse.
En 1940, la manufacture est rapatriée à Paris puis à Aubusson pendant l'occupation. En 1945, la ville de Beauvais est totalement détruite
et l'Etat décide d'installer la manufacture aux Gobelins. En 1968, l'architecte Blanchet construit à proximité des Gobelins le bâtiment
dit des nouvelles manufactures où Beauvais s'installe. Finalement, en 1989, Beauvais retourne dans sa ville d'origine. Actuellement, vingt lissiers
travaillent à Paris et vingt à Beauvais.
Technique : La basse lisse se rapproche beaucoup de la haute lisse. En tout état de cause, le résultat est techniquement identique. Le lissier dispose
de marches (ou pédales), reliées par des lisses aux fils de chaîne pairs ou impairs. L'une des marches permet d'ouvrir la chaîne en
deux nappes, l'autre de les croiser. Le lissier effectue ses duites (allers et retours de fils de trame) au moyen d'une flûte (ou navette) et ramène
ces duites les unes contre les autres au moyen d'un grattoir (patte métallique munie de dents). Le lissier tasse ensuite les duites soigneusement à
l'aide d'un peigne (comme on le fait aussi en haute lisse). Le carton sera ici directement glissé sous les fils de chaîne après avoir
été reproduit à l'envers sur un papier toilé au moyen d'un calque. On travaille toujours sur l'envers de l'ouvrage et l'on contrôle
l'endroit au moyen d'une glace. Le gain de temps est suffisamment important pour que la basse lisse ait progressivement supplanté la haute lisse dont les
très grands métiers permettent cependant de tisser des pièces plus monumentales.
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