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Les tapisseries tiennent leur valeur de ce qu'elles sont très
laborieuse à produirent. Une sorte d'effort artistique qui ne semble
parfaitement raisonnable que pour un monarche disposant de fonds
illimités, de temps, et d'habiles artisans.
Pour l'éxécution vous avez d'abord besoin d'un artiste pour
esquisser la conception et d'un peintre pour transformer ce croquis en
un carton peint de la même taille que la tapisserie.
Des maîtres lissiers tissent alors les tapisseries en utilisant
la soie, la laine, et parfois des fils d'or ou d'argent.
Mais par dessus tout vous avez besoin de patience car cela prendra
à un bon lissier un jour entier pour tisser une surface d'un sujet de
la taille de la main humaine.
Le terme "Gobelins" s'applique aujourd'hui indifférement à
toutes sortes de tapisserie. Il peut aussi bien s'agir de Tapisseries de Basse
lisses, de Hautes lisses, de Tapisserie sur métier à mécanique
Jacquard ou de Tapisseries aux points d'aiguille. Nous vous présentons dans ces
pages l'histoire de la manufacture qui a donné son nom à la Tapisserie et
précisons ce qu'on entend par Hautes Lisses et Basses Lices.
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L ES MANUFACTURES NATIONALES DES GOBELINS, DE BEAUVAIS ET DE LA SAVONNERIE
Hugues Menes Conférencier à la manufacture des Gobelins
LES GOBELINS
C'est en 1443 que Jehan Gobelin s'installe comme teinturier sur les bords de la Bièvre au faubourg Saint Marcel, le long du chemin d'Italie.
Sa spécialité est la teinture en écarlate obtenue grâce à la cochenille. Ses descendants se maintiendront jusqu'en 1601.
L'atelier est alors revendu à des lissiers flamands : Jean de la Planche et Marc de Comans qui vont cependant continuer l'activité de teinture.
En 1662, Colbert et Louis XIV rachètent l'entreprise et lui donnent un développement considérable, on estime en effet à 250 le nombre
de lissiers. L'exemple du surintendant des finances Fouquet est déterminant, c'est en effet lui qui inaugure à Maincy un atelier de lisse
fonctionnant pour son usage personnel avec une main d'oeuvre flamande. Louis XIV reprendra d'ailleurs à son service les lissiers de Fouquet qui
achèveront pour leur nouveau maître les tapisseries du surintendant. Le roi reconstruit l'ensemble des locaux qui nous parviennent aujourd'hui
dans un remarquable état de conservation malgré les travaux d'Haussmann qui écornent la façade des Gobelins lors du percement de
l'avenue du même nom dès 1859 ; la Commune apporte son lot de destructions mais les bâtiments sont sauvés d'un incendie général. En 1913, l'architecte Formigé construit une galerie en façade sur l'avenue des Gobelins pour servir de musée. Depuis quelques années l'Etat envisage enfin la restauration générale des bâtiments de travail , des logements des lissiers et du musée. C'est ainsi qu'au début de l'année 2003, l'atelier dit du Nord a été réouvert au public, présentant des métiers de haute lisse dans le cadre du XVIlème siècle conçu par le roi. Actuellement, l'atelier compte trente-cinq lissiers. La production des trois manufactures est toute entière réservée à l'Etat ou aux cadeaux diplomatiques.
Technique : les Gobelins pratiquent exclusivement la haute lisse depuis 1826, la basse lisse étant désormais réservée à
la Manufacture de Beauvais. Dressé verticalement, le métier est constitué de deux montants appelés jumelles ou coterets qui maintiennent
deux ensouples (rouleaux), celle du bas recueillant le tissu et celle du haut accueillant la réserve de fils de chaîne. Les fils de chaîne sont
séparés en deux nappes par des bâtons de croisure (appelés aussi bâtons d'entre-deux). Le lissier travaille face à la
lumière sur l'envers de son ouvrage, contrôlant celui- ci sur l'endroit à l'aide d'un miroir. Il se retourne pour voir derrière lui
son carton (ou modèle). Chacun des fils de chaîne de la nappe arrière (par rapport au lissier) est muni d'une lisse (cordelette de coton qui
en fait le tour) et permet de ramener à l'avant cette nappe arrière ; la nappe avant reste fixe. Muni d'une broche (ou navette) le lissier introduit
ses fils de trame entre les fils de chaîne puis ramène d'arrière en avant la nappe arrière avant d'effectuer le retour avec la même
broche.
Il va ainsi recouvrir totalement la chaîne avec la trame, particularité essentielle d'une tapisserie ou tissu à effet de trame. Loin
d'être un simple exécutant, le lissier est donc bien un artiste qui interprète le carton fourni par l'artiste cartonnier.
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