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M ANUFACTURE DES GOBELINS.
Ce célèbre établissement de tapisserie et de teinture, est situé à Paris, entre l'avenue des Gobelins, la rue Croulebarbe et la Bièvre.
Les Gobelins étaient une famille champenoise
originaire de Reims, qui, au XV° siècle, avait établi dans le faubourg Saint Marceau, à Paris, une entreprise de teinture;
Gilles Gobelin s'enrichit dans cette industrie et acquit de grandes propriétés sur les bords de la Bièvres, qu'on appela de son nom "rivière des Gobelins"
JEAN GOBELIN teinturier, s'installa vers 1440 dans ce vallon verdoyant où coulait
la Bièvre entre la Butte-aux-Cailles et la montagne Sainte-Geneviève. Henri IV y installa deux tapissiers flamands en 1601.
Mais c'est surtout Louis XIV qui donna une impulsion considérable en créant en 1667 la manufacture royale des Meubles de la Couronne.
Colbert y centralisa divers ateliers de tapisserie dispersés dans Paris, ajouta des ateliers d'ébénisterie, d'orfèvrerie….
Au 18 ème siècle, le nom des Gobelins était connu dans les cours de l'Europe entière. Le 19 ème siècle vit
une partie des bâtiments incendiés par la Commune en 1871. Il faut contourner la manufacture par la rue Croulebarbe et atteindre la rue Berbier-du-Mets,
pour voir les constructions vraissemblablement antérieures au 17 ème siècle.
La manufacture continue aujourd'hui à produire des tapisseries pour le "Mobilier national", faisant travailler des artistes contemporains.
Mais comme autrefois, un ouvrier travaillant sur un métier de "haute lice" (le métier est vertical) fabrique 1 m2 de tapisserie en un an.
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"H ÔTEL ROYAL DES GOBELINS"
En conséquence d'un édit de Louis XIV.
Monseigneur Colbert ayant rétabli et enrichi avec magnificence les palais du roi, en particulier le Louvre et les Tuileries, pensa à créer et fabriquer des meubles appropriés à
la splendeur de ces bâtiments : avec ce projet en vue il appela de tout le royaume et des nations étrangères les ouvriers les plus capables
dans les divers arts et métiers d'art ; en particulier peintres, lissiers, sculpteurs, orfèvres, ébonists, et cætera.
Et pour rendre l'établissement prévu ferme et durable, il conseilla au roi d'acheter les Gobelins, afin que ces artistes puissent y travailler à leurs aises.
Il élabora pour leur direction un système de lois, ou politique, en dix-sept articles. Par ces derniers il est réglé, que la nouvelle
manufacture sera sous l'administration du superintendant des arts et des bâtiments du roi et cetera, que les maîtres ordinaires seront responsable de toutes
les actions et processus apportés par une quelconque des personnes, leurs domestiques et personnes à charge, dans la dite manufacture ; qu'aucun autre
travail de tapisserie ne sera importée de n'importe quel autre pays, et cetera. Les Gobelins sont depuis restés la première manufacture de cette
sorte dans le monde. La quantité d'œuvres les plus fines et les plus nobles qui ont été produites par elle, et le nombre de meilleurs
talents qu'elle a suscité, est tout simplement incroyable ; la condition d'épanouissement actuelle des arts décoratifs de la France, lui est,
dans une grande mesure, redevable. Le travail de la tapisserie, en particulier, est leur gloire. Pendant la superintendance de M. Colbert, et de son successeur
M. de Louvois, la réalisation de la tapisserie est pratiquée à un degré de perfection, rarement inférieur à ce qui
était fait par les Anglais et dans d'autres provinces de France. Les batailles d'Alexandre, les quatre saisons, quatre éléments, les palais du roi,
et une série des principales actions de la vie de Louis XIV, dès son mariage à la première conquête de la Franche Comté,
conçues par M. Le Brun, directeur de la manufacture des Gobelins, sont des chefs d'œuvres dans leur genre.
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Sur l'avenue des Gobelins, le bâtiment date de 1912. Construit par Formige après l'incendie de 1871, il est en cours de réaménagement pour accueillir une galerie d'exposition.
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L ES MANUFACTURES NATIONALES DES GOBELINS, DE BEAUVAIS ET DE LA SAVONNERIE
Hugues Menes Conférencier à la manufacture des Gobelins
LES GOBELINS
C'est en 1443 que Jehan Gobelin s'installe comme teinturier sur les bords de la Bièvre au faubourg Saint Marcel, le long du chemin d'Italie.
Sa spécialité est la teinture en écarlate obtenue grâce à la cochenille. Ses descendants se maintiendront jusqu'en 1601.
L'atelier est alors revendu à des lissiers flamands : Jean de la Planche et Marc de Comans qui vont cependant continuer l'activité de teinture.
En 1662, Colbert et Louis XIV rachètent l'entreprise et lui donnent un développement considérable, on estime en effet à 250 le nombre
de lissiers. L'exemple du surintendant des finances Fouquet est déterminant, c'est en effet lui qui inaugure à Maincy un atelier de lisse
fonctionnant pour son usage personnel avec une main d'oeuvre flamande. Louis XIV reprendra d'ailleurs à son service les lissiers de Fouquet qui
achèveront pour leur nouveau maître les tapisseries du surintendant. Le roi reconstruit l'ensemble des locaux qui nous parviennent aujourd'hui
dans un remarquable état de conservation malgré les travaux d'Haussmann qui écornent la façade des Gobelins lors du percement de
l'avenue du même nom dès 1859 ; la Commune apporte son lot de destructions mais les bâtiments sont sauvés d'un incendie général. En 1913, l'architecte Formigé construit une galerie en façade sur l'avenue des Gobelins pour servir de musée. Depuis quelques années l'Etat envisage enfin la restauration générale des bâtiments de travail , des logements des lissiers et du musée. C'est ainsi qu'au début de l'année 2003, l'atelier dit du Nord a été réouvert au public, présentant des métiers de haute lisse dans le cadre du XVIlème siècle conçu par le roi. Actuellement, l'atelier compte trente-cinq lissiers. La production des trois manufactures est toute entière réservée à l'Etat ou aux cadeaux diplomatiques.
Technique : les Gobelins pratiquent exclusivement la haute lisse depuis 1826, la basse lisse étant désormais réservée à
la Manufacture de Beauvais. Dressé verticalement, le métier est constitué de deux montants appelés jumelles ou coterets qui maintiennent
deux ensouples (rouleaux), celle du bas recueillant le tissu et celle du haut accueillant la réserve de fils de chaîne. Les fils de chaîne sont
séparés en deux nappes par des bâtons de croisure (appelés aussi bâtons d'entre-deux). Le lissier travaille face à la
lumière sur l'envers de son ouvrage, contrôlant celui- ci sur l'endroit à l'aide d'un miroir. Il se retourne pour voir derrière lui
son carton (ou modèle). Chacun des fils de chaîne de la nappe arrière (par rapport au lissier) est muni d'une lisse (cordelette de coton qui
en fait le tour) et permet de ramener à l'avant cette nappe arrière ; la nappe avant reste fixe. Muni d'une broche (ou navette) le lissier introduit
ses fils de trame entre les fils de chaîne puis ramène d'arrière en avant la nappe arrière avant d'effectuer le retour avec la même
broche.
Il va ainsi recouvrir totalement la chaîne avec la trame, particularité essentielle d'une tapisserie ou tissu à effet de trame. Loin
d'être un simple exécutant, le lissier est donc bien un artiste qui interprète le carton fourni par l'artiste cartonnier.
BEAUVAIS
Fondée en 1664 dans la ville de Beauvais, la manufacture répond à l'époque à la demande privée dans l'esprit du roi ;
elle concurrence également les importations flamandes en leur coupant la route de Paris. Très brillante, la production se spécialise
au XVIIIème siècle dans les tissus d'ameublement, plus petits, et donc plus faciles à écouler. La manufacture utilise alors
majoritairement la basse lisse, plus rapide et permettant des tissages plus précis , tout en adoptant la chaîne en coton qui rend le tissu plus solide.
A la veille de la Révolution, la manufacture risque de disparaître et devient finalement nationale (elle avait toujours été auparavant
une entreprise privée; à la différence des Gobelins dont la production était réservée au roi, Beauvais vendait la sienne
aux particuliers.) En 1826, Beauvais envoie aux Gobelins ses derniers métiers de haute lisse et se spécialise définitivement en basse lisse.
En 1940, la manufacture est rapatriée à Paris puis à Aubusson pendant l'occupation. En 1945, la ville de Beauvais est totalement détruite
et l'Etat décide d'installer la manufacture aux Gobelins. En 1968, l'architecte Blanchet construit à proximité des Gobelins le bâtiment
dit des nouvelles manufactures où Beauvais s'installe. Finalement, en 1989, Beauvais retourne dans sa ville d'origine. Actuellement, vingt lissiers
travaillent à Paris et vingt à Beauvais.
Technique : La basse lisse se rapproche beaucoup de la haute lisse. En tout état de cause, le résultat est techniquement identique. Le lissier dispose
de marches (ou pédales), reliées par des lisses aux fils de chaîne pairs ou impairs. L'une des marches permet d'ouvrir la chaîne en
deux nappes, l'autre de les croiser. Le lissier effectue ses duites (allers et retours de fils de trame) au moyen d'une flûte (ou navette) et ramène
ces duites les unes contre les autres au moyen d'un grattoir (patte métallique munie de dents). Le lissier tasse ensuite les duites soigneusement à
l'aide d'un peigne (comme on le fait aussi en haute lisse). Le carton sera ici directement glissé sous les fils de chaîne après avoir
été reproduit à l'envers sur un papier toilé au moyen d'un calque. On travaille toujours sur l'envers de l'ouvrage et l'on contrôle
l'endroit au moyen d'une glace. Le gain de temps est suffisamment important pour que la basse lisse ait progressivement supplanté la haute lisse dont les
très grands métiers permettent cependant de tisser des pièces plus monumentales.
LA SAVONNERIE
La manufacture est fondée en 1627 par Louis XIII qui l'installe sur la colline de Chaîllot dans une ancienne savonnerie transformée par
Marie de Médicis en orphelinat. C'est cette main d'oeuvre que vont utiliser deux lissiers du nom de Pierre Dupont et Simon Lourdet (Dupont a effectué
quelques années auparavant un voyage en Turquie d'où il a ramené la technique du point noué, permettant de tisser "des tapis
veloutés façon du Levant"). La manufacture quitte Chaillot en 1826 pour être installée aux Gobelins où elle
récupère ses anciens ateliers de basse lisse. Enfin l'atelier est installé sur deux niveaux dans le bâtiment des nouvelles manufactures
en 1968. Aujourd'hui 40 lissiers oeuvrent à la Savonnerie.
Technique: Le métier à tisser de haute lisse est le même qu'aux Gobelins. Mais ici le lissier (ou Savonnier) effectue un point noué
avec sa broche, c'est à dire qu'il passe alternativement avec celle-ci derrière un fil de chaîne avant, puis derrière un fil de
chaîne arrière. Il forme ainsi un noeud sur l'envers de son ouvrage, tout en gardant une boucle sur l'endroit qui sera tondue pour obtenir un velours.
L'opération sera répétée sur toute la longueur de la chaîne de l'ouvrage, en progressant de gauche à droite et toujours sur
un fil de chaîne avant puis arrière. Il n'est donc plus question ici de duites. Les lisses servent à ramener temporairement et un par un les
fils de chaîne arrières à l'avant. Ensuite sont intercalés des fils de lin entre chacune des rangées de boucles et de noeuds ainsi
réalisés. Ceci pour assurer la solidité du tapis, oeuvre de sol par excellence. Le lissier tond ensuite son ouvrage au fur et à mesure
des rangées de boucles réalisées, puis démêlera les poils ainsi obtenus, horizontalement. Enfin après avoir
démêlé les motifs du tapis le lissier rangera son ouvrage avec la pointe de ses ciseaux (c'est à dire qu'il redressera les poils de son
tapis un par un pour obtenir une perfection en accord avec celle de son carton). Les opérations de démêlage et de rangement ont été
inventées par les Français et ne sont donc pas pratiquées en Orient.
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